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25 décembre 2014 4 25 /12 /décembre /2014 14:23
Homélie de la nuit de Noël

L'actualité que nous présentent les médias a de quoi nous faire réfléchir à l'importance de cette fête de Noël, si toutefois nous voulons bien comprendre le message qu'elle nous délivre.

         Que voyons-nous en effet ?

         D'un côté une société matérialiste dont le cynisme atteint des sommets. Elle divinise l'individu et lui promet le bonheur par la consommation de biens matériels et l'accomplissement de ses rêves les plus fous, refusant toutes les limitations d'une quelconque nature humaine. Sans respect pour la nature, elle attend son salut de la croissance économique à laquelle il faut tout sacrifier. Dans le même temps elle procure à une infime minorité des revenus astronomiques pendant que le grand nombre s'enfonce dans la pauvreté. Le Ciel est vidé de toute divinité, mais aussi de toute valeur transcendante : aucun idéal sinon la consommation. Cette société tolère la religion dans la mesure où elle ne dépasse pas l'espace privé, mais refuse en fait toute valeur morale, toute transcendance sinon celle de l'individu.

         Au sein même de cette société, des jeunes de plus en plus nombreux qui, au nom de Dieu, abandonnent tout et partent au combat pour la foi. On peut comprendre leur réprobation du monde que je viens de décrire, le zèle religieux qui anime les nouveaux convertis, mais la cruauté dont ils font preuve fait penser que leur dieu est plutôt ennemi de l'humanité. Avec ceux qui les endoctrinent et qui règnent déjà dans bien des régions, ne diviniseraient-ils pas leur haine de l'homme, n'étant satisfaits que s'ils le voient soumis à toute sorte de règles alimentaires ou vestimentaires, et massacrant sans pitié ceux qui leur résistent ?

         Rien de tel pour conforter les ennemis de la religion…

 

         Pourquoi donc évoquer ces tristes réalités en cette nuit de Noël ? Tout simplement parce que nous y célébrons celui qui nous apporte ce qu'il faut pour échapper à ce cercle vicieux qui risque de nous engloutir si nous continuons sans réagir. Nos chants le proclament « Gloire à Dieu, paix aux hommes qu'il aime. »

         Fêter Noël c'est en effet reconnaître l'intervention de Dieu pour le bien de l'humanité. Un Dieu ami des hommes, qui s'afflige de les voir en guerre les uns avec les autres et qui veut les réconcilier. Par quel moyen ? En envoyant son propre Fils, sa Parole éternelle qui prend chair de la Vierge Marie.

         Dieu intervient. Il y a donc un Dieu qui s'intéresse à l'homme : notre horizon dépasse le cercle de la terre, du visible, du matériel. Nous ne sommes pas nés du hasard, mais créés par un Dieu qui s'intéresse à nous, qui nous propose son Alliance. Ce n'est pas nous qui avons créé la Terre : elle nous est confiée ; notre liberté est bien réelle, mais elle se retourne contre nous  quand elle s'affranchit des règles de la Création. L'intelligence de l'homme peut bien se déployer pour améliorer les conditions de vie, mais elle s'épanouit encore plus dans la recherche de ce Dieu qui nous aime et qui nous crée pour vivre éternellement avec lui.

         Le Fils de Dieu se fait homme. Ou plus exactement Dieu le Fils se fait homme. Mystère d'un Dieu unique mais en qui l'amour peut se déployer car il est relation. L'insistance sur l'unicité de Dieu s'accompagne souvent de violence : s'il n'y a pas de diversité en Dieu, il ne doit pas y en avoir dans l'humanité. Malheur à celui qui ferait preuve d'originalité et sortirait du rang : au nom du Dieu unique, il faut le réduire à l'unanimité ! Mais la foi chrétienne affirme en Dieu le mystère d'une pluralité : Père et Fils distincts mais inséparables car unis par l'Esprit. Images de ce Dieu, les hommes peuvent déployer leur diversité, et s'unir grâce à elle. Le mystère de la Trinité nous garantit que de bonnes relations peuvent s'établir entre des personnes différentes, et que chacun peut s'enrichir au contact des autres.

         Dieu le Fils se fait homme : désormais, on ne peut plus toucher à un homme sans que Dieu en soit atteint. Il le dit lui-même : « ce que vous avez fait au plus petit d'entre les miens, c'est à moi que vous l'avez fait. » Ce n'est pas l'individu qui se divinise tout en  écrasant  les autres, c'est Dieu qui vient à notre rencontre, nous accompagne et nous enseigne que la vraie grandeur ne consiste pas à dominer, mais à servir, que le vrai bonheur ne se trouve pas dans la consommation de biens matériels, mais dans l'amour que nous pouvons avoir les uns pour les autres.

         Non seulement Dieu se fait homme, mais il se fait petit enfant. Non pas enfant de roi dans un palais, mais enfant pauvre dans une étable. Toutes nos crèches nous le rappellent, et c'est à cause de cette pauvreté qu'elles sont insupportables à certains ! La tradition d'y  représenter les divers personnages de nos villages n'est pas seulement folklorique : elle nous rappelle que c'est dans le quotidien de nos vies ordinaires que Dieu vient à notre rencontre. C'est à travers nos frères que nous pouvons le servir, tout particulièrement à travers les plus faibles. Car Noël nous invite à porter notre regard plus loin que le visible, que le tape-à-l'oeil qui nous assaille de partout. Ce n'est pas en partant au loin que nous trouverons le bonheur, mais en assumant avec amour la situation où nous sommes.

         Jésus ne nous convoque pas à d'autre combat que contre notre égoïsme et notre propre violence. Si, comme il nous l'a commandé,  nous agissons envers les autres comme nous voudrions qu'il agissent envers nous, nous pouvons êtres ces artisans de paix, qui sont appelés fils de Dieu.

         C'est à ce combat qu'il nous invite à consacrer notre énergie, plutôt qu'à consommer ou à massacrer ceux qui ne font pas comme nous. Un combat qui ne fait pas de victimes, et qui rend plus humains ceux qui le mènent. Combat de la liberté, combat de l'amour.

          C'est un petit enfant désarmé qui adresse cette invitation à tous les hommes de bonne volonté. Certains lui font confiance et veulent le suivre, d'autres le méprisent ou le combattent. Que notre présence dans cette église manifeste que nous voulons lui être fidèles, d'autant plus que nous ne sommes pas réunis seulement pour faire mémoire d'un événement lointain, mais pour accueillir le même Christ qui vient à nous en chaque eucharistie, et se donne en nourriture pour nous communiquer son Esprit, faire de nous ses frères.

 

                                                                           J.J.Fauconnet

Homélie de la nuit de Noël
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