Le Presbytère de Layrac
Lorsqu’on pénètre dans la cour du presbytère de Layrac, on est frappé par la sobre élégance de l’édifice. Des arcades supportent l’un des deux corps de logis, des balustres au petit air Grand
Siècle couronnent le passage qui fait communiquer les deux parties de la propriété bâtie, au dessus de l’entrée des voitures. A l’intérieur, on trouve un noble escalier dont l’usure des marches
témoigne des services rendus. L’imbrication des propriétés dans l’agglomération fait que seule la façade sur la place de la mairie est visible. Elle repose, elle aussi, sur des cornières mais son
aspect est sévère, orné seulement d’un cadran solaire et de sa devise "Laetet ultima", la dernière tue, allusion aux heures gravées sur le cadran. L’entrée légale de l’immeuble a longtemps été
celle des voitures donnant sur cette rue qui conduit de la mairie au vieux clocher, appelée autrefois rue du Jardin Public, ou du Jardin Royal, maintenant rue Danglade.
Cet ensemble a été construit vraisemblablement dans le courant du XVII° siècle, sans qu’il soit possible d’en dire plus. Il est certainement l’œuvre de l’une de ces familles de notables qui ont
dirigé Layrac sous l’Ancien Régime mais qui ont maintenant toutes disparu de notre région. L’histoire de l’immeuble, durant ses deux premiers siècles d’existence, n’est probablement que
l’histoire d’une famille avec ses joies et ses peines.
Nous en savons davantage à partir du milieu du XIX° siècle. Durant une vingtaine d’années, avant l’arrivée des Dames du Sacré-Cœur, le Prieuré a été le siège d’un collège de garçons très réputé
mais qui doit fermer ses portes en 1850. L’un de ses professeurs, M. Centrain, propriétaire, semble-t-il, de notre futur presbytère, ouvre dans ces murs en 1854 une école primaire de garçons.
L’établissement a bonne réputation et reçoit quelques pensionnaires mais la concurrence est rude : en 1870, le bourg de Layrac abrite six écoles primaires, trois de garçons et trois de
filles dont une seule (de garçons) est école publique. L’établissement disparaît en 1884 mais en 1887 l’Abbé Lanusse, vicaire de la paroisse, ouvre dans les mêmes murs une école primaire de
garçons. Trois ans plus tard, il cède la place à la congrégation des Petits Frères de Marie, fondée dans le Lyonnais une cinquantaine d’années plus tôt. L’établissement accueille, en moyenne, 35
à 40 élèves. En 1909, dans le contexte politique que l’on connaît, il doit fermer ses portes.
L’immeuble n’est pas vide pour autant. La séparation de l’Eglise et de l’Etat amène l’expulsion, de son presbytère, du curé de l’époque, l’Abbé Dubourg. Celui-ci rejoint en 1908 sa nouvelle
demeure. En février 1944, on y voit s’installer le premier prêtre Assomptionniste nommé curé de Layrac, le Père Claude Gueno. L’immeuble n’a pratiquement jamais été modernisé depuis sa
construction. Une campagne de travaux en profondeur est entreprise en 1992, rendant les lieux un peu plus fréquentables. Cette opération a aussi pour conséquence de voir partir aux archives
diocésaines les importants fonds rassemblés par l’Abbé Dubourg. C’est une parcelle de l’âme de la maison qui part avec ces vieux papiers, mais il ne faut pas regarder en arrière. Bienvenue à tous
les futurs occupants de cette maison paroissiale.